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Du FLN à L'OAS

Rémy Madoui

La guerre d'Algérie depuis le 1er novembre 1954

 

 

 


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Wilaya 4

Armée française


Publications en français

   Le terrorisme n’est pas invincible

De “Terrorism Can Be Defeated” du 27 août 2004.

Par Rémy Madoui

  La tragédie du 11 septembre, ses conséquence et l'invasion de l'Irak ont donné une nouvelle dimension à la guérilla et au terrorisme international. Les deux ont fusionné dans une idéologie commune dans les pays arabes et, dans une certaine mesure, le monde musulman. La ligne de démarcation entre guérilla et terrorisme se brouille chaque jour, nous pouvons inférer une guerilla internationale.

   A ce jour, trois batailles principales ont été emportées contre la guérilla internationale malgré l'intensification des exactions des insurgés en Irak et le terrorismme sauvage d’Al Qaeda dans certaines régions du monde.

   L'insurrection irakienne a échoué dans la phase la plus critique de l'évolution d’une guérilla : une insurrection nationale et un support populaire plus élargi. Les divers groupes armés n’on pas pu regrouper tous les combattants sous une même bannière et convenir d’une cause commune. À ce stade, ils sont vulnérables à de plus amples fragmentations et leur flanc est à découvert aux activités anti-guérilla telle que l’“infiltration” ennemi des divers groupes insurectionnels aussi bien que la proie de luttes intestines et entre factions.

   Al Qaeda a été décapitée. Des coups meurtriers ont été infligés à ses dirigeants et un grand nombre de ses adhérents ont été capturés. Al Qaeda est maintenant une organization sans centre de commandement et la plupart de ses cellules ont été décimés.

   Le plus important est que toutes les nations sont unies dans le combat contre le terrorisme. Le monde libre a été efficace dans le démembrement structurel, financier et physique d'Al Qaeda. Il est aussi décidé à poursuivre implacablement les terroristes, partout où ils sont et finir le travail pour de bon - mais sans créer d’autres terroristes.

   Ces succès ne doivent pas cacher la vraie bataille qui doit être livrée contre la guerilla internationale, c’est-à-dire son Idéologie. Les racines de cette idéologie, qui donne une aura de légitimité au terrorisme, doit être exactement définie et éliminée. Gagner cette guerre idéologique est une phase essentielle afin de dessécher les viviers terroristes potentiels et leurs sympathisants. Dans ce domaine, la bataille a à peine commencé.

   La stratégie pour défaire l'idéologie des terroristes doit être établie sur une meilleure intelligence de la guérilla, de son origine, de ses méthodes et de ses faiblesses.

   L'insurrection irakienne et le terrorisme international ont projeté la guérilla au devant de la scène internationale. On la perçoit comme un nouveau phénomène dont nous devrions faire face pendant des années à venir.

    La guérilla - également connue sous le nom de guerre asymétrique - n'est pas particulière à aujourd'hui ou à une partie du globe; elle est aussi vieille que l'humanité. Elle a toujours été une stratégie de lutte contre des envahisseurs, des oppresseurs et des forces militaires supérieures. L'exemple, écrit, de la guérilla remonte probablement à la bible : David et Goliath ou le triomphe du faible contre le fort, de l’opprimé sur le puissant. Les guérillas à grande échelle ont eu lieu pendant la révolution et la guerre civile américaines. Durant la deuxième guerre mondiale, les maquis européens ont joué un rôle important dans la défaite de l'Allemagne. Depuis la deuxième guerre mondiale, la guérilla a été utilisée par les nationalistes pour se libérer du colonialisme et par des dissidents pour lancer des guerres civiles. Il y a eu des douzaines de conflits de ce genre. Les Etats-Unis ont commandité des guerillas, notamment les forces cubaines anti-Castro, les contras en Nicaragua et les moudjahidine en Afghanistan.

   Les nombreuses guerres de guérilla dans l'histoire ont leurs points de divergence, leurs caractéristiques particulières, leurs différents processus et conclusions mais elles ont toutes un point commun : La guérilla est essentiellement une guerre politique, une guerre du peuple, une guerre des idées. Elle dérive du peuple et est soutenue par lui ; elle ne peut ni exister ni réussir si elle se sépare de la sympathies et de la cooperation des populations. Le but doit donc être simple, compréhensible par même le segment le plus arrièré et analphabète de la population. L'objectif politique doit être concret et clair et devrait coïncider avec les aspirations du peuple. Le nationalisme, l'injustice sociale et l'oppression ont toujours été des motifs principaux pour les mouvement insurrectionels. Ces causes cimentent les liens entre le peuple et les combattants et assurent les insurgés du soutien de la population locale.

   Dans la plupart des cas, la répression ne réduit pas des insurgés commis à une cause. Les forces militaires conventionnelles ne peuvent pas à elles seules combattre avec succès des opérations de guérilla. Les insurgés sont des civils armés commis fanatiquement à une cause simple avec des besoins logistiques minimes. Une poignée d'insurgés armés peut maintenir une guérilla opérationnelle, aussi longtemps que la population la soutienne.

   Dès le début d'une insurrection, dans la plupart des cas par un terrorisme vicieux et inhumain (la guérilla urbaine), les forces de sécurité réagissent par des mesures draconiènne, dirigées contre des “suspects”... le peuple. Les insurgés répondent par des exactions de provocation qui forcent les forces de sécurité à recourir à des mesures répressives ou inpopulaires (couvre-feux, barrages de route, fouilles de maisons, détention des suspects, etc.). Ces actions accélèrent l’antipathie du public contre les forces de sécurité.

   Le guerilla intensifie ses provocations et force l'ennemi à adopter des méthodes plus brutales encore telles que la torture et la destruction des biens. La guérilla n’épargne aucune vie pour atteindre cette phase cruciale de l’insurrection. C'est la période la plus mortifère et la plus ignoble d'une insurrection. Les agressions impitoyables de la guérilla et les réactions implacables des forces de sécurité maintiennent la pression dans un cycle vicieux de la violence qui cimente le rapport entre le peuple et les insurgés. Durant cette phase de l’insurrection, le nombre de morts est énorme dans les rangs de la guerilla. Cela renforce la conviction des forces de sécurité qu'une victoire militaire est la solution parce qu'il y a des résultats probants. Cet état d’esprit détourne l'attention des vraies faiblesses de la guerilla. Elles sont nombreuses. Une guérilla est une entreprise très vulnérable, à chaque étape de son évolution.

   Les exemples récents incluent le dilemme que la France a confronté dans la guerre d’Algérie qui a commencé en 1954 par un soulèvement nationaliste contre le colonialisme. Les Français étaient confiants qu'ils pourraient maîtriser les insurgés avec un armement moderne et une force militaire supérieure. Cependant, en huit ans de guerre et malgré un contingent français d'un demi-million de soldats, la France a dû s’incliner en dépit d’une victoire militaire.

   Il ne s'avère pas que les Etats-Unis répètent l'erreur de calcul dans ce genre de conflit. Ils ont appris de leurs récents succès et de leurs échecs et de leur expérience antérieure de la guérilla.

   Les Etats-Unis ont transféré la souveraineté aux dirigeants irakiens. L'armée d’occupation est maintenant "une force multinationale" en Irak, sur la demande du gouvernement intérimaire. La résolution du Conseil de sécurité du 8 juin, 2004 donne l'approbation internationale au plan de passation de pouvoirs. Ce processus devrait mener a des élections pour qu'un gouvernement irakien directement élu prenne le pouvoir au début de 2006.

   On pourrait déduire que la guérilla est en phase de disparition et que la démocratie est au bout du chemin. Mais un régime démocratique peut-il être installé de l'extérieur en si peu de temps ? Les pays sous des systèmes autocratiques depuis des décennies peuvent-ils être transformé en démocraties avec une telle alacrité ? Les faiblesses d'un tel raisonnement sont nombreuses, cette ligne de pensée ne peut être qu’une pure chimère.

   La démocratie n'est pas simplement une question d’élections. C'est une culture politique basée sur la diversité, le multiculturalisme, et la tolérance des peuples et de leurs idées. C'est une culture qui n'est pas limitée à l'adhésion tribale ou aux parties politiques mais à tous les éléments d'une société. La démocratie a besoin, plus que toute autre chose, d’un environnement stable dans lequel elle peut évoluer. La société irakienne a été réduite à un état de chaos et d'insécurité, sujette à une multitude d'exactions. Il n'y a aucun signe de calme en vue, condition préalable pour un processus démocratique. La plupart des Irakiens sont absents de ce processus ; les joueurs hors de leur controle décident de leur sort et le pays est sous le contrôle de milices, de chefs religieux, et de chefs de tribus. Le vote sera démocratique, le monde le veut : un homme, une voix. Un homme, une voix veut dire les Chiites au pouvoir (60% de la population), et Chiisme est aujourd'hui un antonyme de la démocratie. Le résultat de ce processus pourrait finir en lutte pour le pouvoir ; cela a été le cas à plusieurs reprises dans des circonstances semblables. En outre, la démocratie n’arrive pas à bout de la guérilla, puisque la guérilla a lieu dans une société démunie de culture civile. Le processus démocratique pourrait suivre la résolution des conflits mais il ne les précède pas. Une guerre civile généralisée peut être le prolongement de ce conflit.

   L'Algérie, encore, est un exemple, semblable à l’Irak sous beaucoup d'aspects : Pays arabe et musulman avec une société éthniquement diverse. Après 30 ans sous un système autocratique et en raison d’émeutes et de manifestations à l’intérieur du pays et de pressions intenses de la communauté internationale pour des réformes, le gouvernement a voulu experimenter la démocratisation. Le processus avait été abruptement arrêté quand le partie d'opposition, le Front Islamique du Salut (FIS), avait gagné les élections par une majorité écrasante. Les militaires, soutenus par les pays occidentaux, avaient intervenu, abrogé la victoire des Islamistes et persecutés ses membres en janvier 1992. Le FIS était rentré dans la clandestinité, ses dirigeants avaient été arrêtés, et leurs sympathisants avaient entamé une guérilla. Le pays a plongé dans une violence politique inégalée. Plus de 150.000 morts et un désastre économique plus tard, l'Algérie essaye encore de résoudre cette crise.

   Les jours, les semaines et les mois à venir sont fatidiques, dangereux et décisifs. La guerre civile devrait être évitée à tout prix. L'échec du processus démocratique serait perçu comme une défaite des Etats-Unis en Irak. Il aurait des conséquences immesurables à travers le monde. Ce serait la défaite du monde libre, des Arabes et des musulmans qui aspirent à la paix et au pluralisme politique. Cela inspirerait aussi de nouvelles guerillas et d’autres champs de bataille.

   Le succès du processus pour un Irak stable et unifié est une étape essentielle afin de combattre les racines de la guérilla internationale. Ces racines sont nombreuses mais la “mère de toutes les racines” est "l’idéologie" de la guérilla Une idéologie établie faussement sur la religion et sur la frustration de plus d'un milliard de musulmans à travers le monde dû au manque de liberté dans leurs pays respectifs.

   Al Qaida a réussi à donner une idéologie au terrorisme et a catapulté la guérilla à l’échelle internationale. Les proclamations de politiciens, les affirmations d’experts en tout genre et la couverture médiatique 24/7 ont propagé à travers le monde la rhétorique, la sémantique et la propagande des terroristes : islamistes, intégristes, djihadistes, etc.

   Traditionnellement, la guerilla est un conflit interne. Elle veut faire des changements à l’intérieur d'un pays. La guérilla est considéré en termes de lutte contre un gouvernement national ou une puissance coloniale. Al Qaeda a donné une nouvelle dimension "à la libération nationale", la "nation de l’Islam", sans frontières, le monde. Une abstraction géographique qui est comprise par les musulmans, concept qui correspond à l’ '"Umma" mythique (la communauté musulmane) où un musulman est avant tout un membre d'une grande "famille" musulmane avant d'être un citoyen d'une nation spécifique. L’intégrisme musulman a aidé à former cette idéologie. Le discours des intégristes n'est pas nouveau et est partout semblable : la libération nationale par le djihad contre la corruption et l'oppression internes et l'impérialisme occidental (le défenseur des oppresseurs), particulièrement l'impérialisme américain, mais l’intégrisme musulman n'est pas intrinsèquement enclin au terrorisme.

   Tout comme ses contre-parties chrétienne et juive, l’intégrisme musulman cherche à reconstituer un passé imaginé et idéal. Les intégrismes juif et chrétien se sont développés dans des systèmes démocratiques qui leur permettent d'exprimer leur foi et d'exercer leurs droits. L’intégrisme musulman a proliféré sous des régimes autocratiques où ses droits sont niés et ses membres sont persécutés s'ils refusent de servir le système. Dans la plupart des cas, les partis intégristes musulmans représentent la seule opposition organisée et efficace contre le despotisme séculaire. Leur opposition est une résistance active qui dégénère souvent en violence et en terreur dirigées contre des régimes dans leur propre pays. Dans ce contexte, Al Qaeda et les organismes semblables de terroristes ne sont ni des intégristes ni des islamistes. Leur idéologie est une idéologie pour une terreur fanatique et impitoyable, une idéologie de crimes barbares d’innocents, indépendante de l'Islam. C'est un terrorisme international.

   Le terrorisme international est plus dangereux en tant qu’idéologie enveloppée dans une religion que comme une organisation terroriste. Il est plus que jamais capable de propager ses idées et sa vision du monde aux musulmans frustrés et désespérés. En plus d'une longue haine contre des régimes autocratiques dans leur propre pays, ils croient que le monde occidental est parti en croisade contre l'Islam et, par conséquent, certains d'entre eux ont adopté la rhétorique d’Al Qaeda : Anti-occidentale, anti-sioniste et anti-sémitique.

   La lutte anti-guérilla internationale devrait également être une guerre des idées, du peuple. Une guérilla ne peut pas être vaincu sans l’appui des populations, de ce fait le vrai combat anti-guerilla est donc réellement une guerre de libération. Les pays occidentaux doivent accueillir au sein de la famille démocratique des populations vivant maintenant sous le despotisme. Il doivent libérer les peuples des pays arabes et du monde musulman du désespoir, ils doivent leur fournir une alternative qui leur donne de l'espoir. Les oligarchies - d'où les terroristes sont originaires - n'ont aucun intérêt dans la liberté de leurs peuples, ils n’ont aussi aucun intérêt à combattre le terrorisme aussi longtemps que celui-ci ne menace pas directement leurs intérêts. Ces autocrates ont démontré, à plusieurs reprises à travers leur histoire, que lorsqu’ils sont menacés, ils ont combattu avec sauvagerie les insurrections. Tout comme Al Qaeda, les monarchies absolues et les gouvernements totalitaires utilisent l'Islam pour légitimer leur pouvoir.

   Le bourbier d’où les terroristes émergent réside dans le refus des pays arabes à joindre le monde libre et la modernité. Le 11 septembre n'est pas venu d'un seul criminel. Si ce n'était pas Ben Laden, cela aurait été quelqu'un d'autre. Ils sont maintenant une très petite minorité sur plus d’un milliard de musulmans. La plupart des musulmans, partout, désirent ardemment la liberté d'expressions, des élections libres, le pluralisme, l'éducation et une chance pour une meilleure vie. Ils sont fatigués de la répression, de la stagnation et de la tyrannie dans leur propre pays et maintenant du terrorisme commis sous leur nom et celui de leur religion.

   Le monde libre devrait réellement faire de la liberté sa première priorité, apporter une "fin au despotisme dans le monde arabe" et favoriser "les valeurs de la démocratie comme clef de la vie, de la liberté et de la stabilité", comme l’ont proclamé certains dirigeants occidentaux. Ils pourraient alors avoir les Arabes, les musulmans et toutes les masses opprimées avec eux.

   La stratégie de la lutte anti-guérilla internationale devrait aussi tenir compte que la démocratie ne peut pas être imposée ou être implanté de l'extérieur mais doit être le choix des dirigeants politiques émergents et du citoyen moyen ; que les pays et les gens ne se divisent pas souvent d'une manière nette en "bon" contre le "mal" et ; que le monde occidental n'est plus considéré comme modèle moral, s'il l’a jamais été. Les gouvernements occidentaux doivent faire une forte pression diplomatique, économique, financière et militaire sur les despotes - qu'ils ont longtemps soutenu - pour réformer leur politique et qu’ils soient surtout à l’écoute des réformateurs et des activistes civils et les aider à réaliser ce qu'ils ont toujours voulu instituer : la liberté d'expression, la liberté de la presse, la liberté d'associations, la légalisation des partis politiques et des organismes civiques, etc...

   La vraie lutte contre le terrorisme international commencera alors.

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