Plate-forme de la Soummam
b) Le mouvement ouvrier.
La
classe ouvrière peut et doit apporter une contribution plus dynamique pouvant
conditionner l'évolution rapide de la Révolution, sa puissance et son succès final.
Le
F.L.N. salue la création de I'U.G.T.A. comme l'expression d'une saine réaction des
travailleurs contre l'influence paralysante des dirigeants de la C.G.T., de F.O. et de la
C.F.T.C.
L'U.G.T.A.
aide la population salariée à sortir du brouillard de la confusion et de l'attentisme.
Le
gouvernement socialiste français et la direction néo-colonialiste de F.O. sont inquiets
de l'affiliation internationale de l'U.G.T.A. à la C.I.S.L., dont l'aide à I'V.G.T.A. et
à la Centrale Marocaine a été positive dans divers domaines nationaux et extérieurs.
La
naissance et le développement de I'U.G.T.A. ont eu en effet un profond retentissement.
Son existence a provoqué immédiatement un violent remous au sein de la C.G.T.,
abandonnée en masse par les travailleurs. Les dirigeants communistes ont essayé
vainement de retenir les cadres les plus conscients en essayant de retrouver sous les
cendres l'esprit de l'ancienne C.G.T.U. dont le mot d'ordre de l'indépendance de
l'Algérie fut enterré au lendemain de l'unité syndicale en 1935.
Mais
pour devenir une Centrale nationale, il ne suffit pas à la filiale de la C.G.T.
parisienne de modifier le titre ni de changer la couleur de la carte, ni même de couper
un cordon ombilical atrophié.
Pour
s'adapter aux fonctions nouvelles du mouvement ouvrier ayant déjà atteint l'âge adulte,
il ne suffisait pas à l'U.G.S.A. de changer de forme ou d'aspect extérieur. Quiconque
observe les vélléités communistes ne peut manquer de retrouver le rythme et la méthode
colonialistes qui ont présidé à la transformation des délégations financières en la
bâtarde Assemblée algérienne.
L'accession
de certains militants à des postes de direction syndicale rappelle singulièrement la
promotion symbolique de certains élus administratifs.
Dans
les deux cas, il aurait fallu changer le but, la nature et le contenu du Foyer civique et
du Palais Carnot.
L'incapacité
de la direction du P.C.A. sur le plan politique ne pouvait que se traduire sur le plan
syndical et entraîner la même faillite.
L'U.G.T.A.
est le reflet de la profonde transformation qui s'est produite dans le mouvement ouvrier,
à la suite d'une longue évolution et surtout après le bouleversement révolutionnaire
provoqué par la lutte pour l'indépendance nationale.
La
nouvelle centrale algérienne diffère des autres organisations C.G.T., F.O. et C.F.T.C.
dans tous les domaines, notamment par l'absence de tutelle, le choix de l'état-major, la
structure rationnelle, l'orientation juste et la solidarité fraternelle en Algérie, en
Afrique du Nord et dans le monde entier.
1)
Le caractère national se traduit non seulement par une indépendance organique,
détruisant les contradictions inhérentes à une tutelle étrangère, mais aussi par une
liberté totale dans la défense des travailleurs dont les intérêts vitaux se confondent
avec ceux de toute la nation algérienne.
2)
La direction est formée non par des éléments issus d'une minorité ethnique n'ayant
jamais subi l'oppression coloniale, toujours enclins au paternalisme, mais par des
patriotes dont la conscience nationale aiguise la combativité contre la double pression
de l'exploitation sociale et de la haine raciale.
3)
La colonne vertébrale» est constituée non par une aristocratie ouvrière
(fonctionnaires et cheminots) mais par les couches les plus nombreuses et les plus
exploitées (dockers, mineurs, ouvriers agricoles, véritables parias jusqu'ici
abandonnés honteusement à la merci des seigneurs de la vigne).
4)
Le souffle révolutionnaire purifie le climat syndical non seulement en chassant l'esprit
néo-colonialiste et le chauvinisme national qu'il engendre, mais en créant les
conditions pour l'épanouissement d'une fraternité ouvrière, impérméable au racisme.
5)
L 'action syndicale, maintenue longtemps dans le cadre étroit des revendications
économiques et sociales, isolée de la perspéctive générale, est devenue non un frein
dans la lutte anticolonialiste mais un accélérateur dans le combat pour la liberté et
la justice sociale.
6)
La population laborieuse algérienne, jugée jusqu'ici comme mineure ne méritant pas
l'émancipation, est appelée, non à occuper un rang subalteme dans le mouvement social
français, mais à coopérer brillamment avec le mouvement ouvrier nord-africain et
international.
7)
L'U.G.S.A. - C.G.T. se verra inévitablement contrainte de se dissoudre à l'exemple des
organisations similaires de Tunisie et du Maroc pour céder entièrement la place à
l'U.G.T.A., centrale nationale authentique et unique, groupant tous les travailleurs
algériens sans distinction.
Le
F.L.N. ne doit pas négliger le rôle politique qu'il peut jouer pour aider et compléter
l'action syndicale indépendante de l'U.G.T.A. en vue de sa consolidation et de son
renforcement.
Les
militants F.L.N. doivent être parmi les plus dévoués, les plus actifs, toujours
soucieux de respecter les règles démocratiques selon la tradition en honneur dans le
mouvement ouvrier libre.
Pas
de schématisme: tenir compte de chaque situation concrète et adapter les formes d'action
aux conditions particulières, subjectives de chaque corporation.
-
Développer l'esprit de combativité en organisant sans retard l'action revendicative sous
une forme souple et variée selon les conditions concrètes du moment (arrêt de travail,
grèves locales, corporatives, de solidarité).
-
Entrainer dans l'action les travailleurs européens.
-
Concrétiser la sympathie pour l'A.L.N. en transformant en action de soutien la
résistance: souscriptions, fournitures aux combattants, actes de sabotage, grèves de
solidarité, grèves politiques.
Retour à
la table des matières
|