Plate-forme de la Soummam
- Le messalisme en déroute.
Le
M.N.A., en dépit de la démagogie et de la surenchère, n'a pas réussi à surmonter la
crise mortelle du M.T.L.D. Il conservait une assise organique seulement en France du fait
de la présence de Messali en exil, de l'ignorance totale des émigres de la réalite
algérienne.
C'est
de là que partaient les mots d'ordres, les fonds et les hommes en vue de la création en
Algérie de groupes armés ou de maquis dissidents, destinés non à la participation de
la lutte contre l'ennemi exécré, le régime colonialiste, son armée et sa police, mais
à créer des opérations de provocation et à saboter par le défaitisme, le désordre et
l'assassinat, la Révolution algérienne et ses dirigeants militaires et politiques.
L'activité
sporadique et brève du M.N.A. s'était manifestée publiquement, dans les rares villes
telle Alger, comme une secte contre-révolutionnaire dans des opérations de diversion et
de division (campagne anti-mozabite), de gangstérisme (racket de commerçants), de
confusion et de mensonges (Messali, soi-disant créateur et chef de l'Armée de
Libération Nationale).
Le
messalisme a perdu sa valeur de courant politique. Il est devenu de plus en plus un état
d'âme qui s'étiole chaque jour.
Il
est particulièrement significatif que les derniers admirateurs et défenseurs de Messali
soient précisément les joumalistes et intellectuels proches de la présidence du
gouvemement français. Ils prétendent dénoncer l'ingratitude du peuple algérien qui ne
reconnaîtrait plus les mérites exceptionnels de Messali, le créateur, il y a
trente ans, du nationalisme algérien .
La
psychologie de Messali s'apparente à la conviction insensée du coq de la fable qui ne se
contente pas de constater l'aurore, mais proclame qu'il fait lever le soleil
.
Le
nationalisme algérien dont Messali revendique effrontément l'initiative est un
phénomène de caractère universel, résultat d'une évolution naturelle suivie par tous
les peuples sortant de leur léthargie.
Le
soleil se lève sans que le coq y soit pour quelque chose, comme la Révolution
algérienne triomphe sans que Messali y ait aucun mérite.
Cette
apologie du messalisme dans la presse française était un indice sérieux de la
préparation psychologique d'un climat artificiel favorable à une manoeuvre de grande
envergure contre la Révolution algérienne.
C'est
la division, arme classique du colonialisme.
Le
gouvernement français a tenté en vain d'opposer au F.L.N. des groupements modérés,
voire même le groupe des 61. Ne pouvant plus compter sur les Sayah ou
Farès, le béni-oui-ouisme étant discrédité d'une façon définitive et sans retour,
le colonialisme français espérait utiliser le chef du M.N.A. dans son ultime manoeuvre
diabolique pour tenter de voler au peuple algérien sa victoire.
Dans
cette perspective, Messali représente, en raison de son orgueil et de son manque de
scrupules, l'instrument parfait pour la politique impérialiste.
Ce
n'est donc pas par hasard que Jacques Soustelle pouvait affirmer en novembre 1955 au
professeur Massignon: Messali est ma dernière carte.
Le
ministre résidant Lacoste ne se gêne pas pour confier a la presse colonialiste
algérienne sa satisfaction de voir le M.N.A. s'efforcer uniquement d'affaiblir Ie F.L.N.
L'hebdomadaire
socialiste Demain , dévoilant les divergences tactiques divisant les
gouvernants français, pouvait écrire que certains ministres étaient disposés, pour
empêcher le renforcement du F.L.N., à accorder à Messali sa liberté totale, le
seul problème étant de protéger la vie du leader algérien .
Quand
on se rappelle que Messali s'est livré à une violente attaque contre les pays arabes, ce
qui ne peut que réjouir les Soustelle, Lacoste et Borgeaud, son déplacement d'Angoulême
à Belle-Isle justifie la thèse du journal Demain .
Lorsque
la vie de Messali est si précieuse pour le colonialisme français, faut-it s'étonner de
le voir glisser vers la trahison consciente ?
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