Plate-forme de la Soummam
- Le communisme absent
?
Le P.C.A. malgré son passage dans
l'illégalité et la publicité tapageuse dont la presse colonialiste l'a gratifié pour
justifier la collusion imaginaire avec la Résistance algérienne, n'a pas réussi à
jouer un rôle qui mériterait d'être signalé. La direction communiste, bureaucratique,
sans aucun contact avec le peuple, n'a pas été capable d'analyser correctement la
situation révolutionnaire. C'est pourquoi elle a condamné le terrorisme et
ordonné dès les premiers mois de l'insurrection aux militants des Aurès, venus à Alger
chercher des directives, de ne pas prendre les armes.
La sujétion au P.C.F. a pris le
caractère d'un béni-oui-ouisme avec le silence qui a suivi le vote des pouvoirs
spéciaux:
Non seulement les communistes
algériens n'ont pas eu suffisamment de courage pour dénoncer cette attitude opportuniste
du groupe parlementaire, mais ils n'ont pas soufflé mot sur l'abandon de l'action
concrète contre la guerre d'Algérie : manifestations contre les renforts de troupes,
grèves de transport, de la marine marchande, des ports et des stocks contre le matériel
de guerre.
Le P.C.A. a disparu en tant
qu'organisation sérieuse à cause surtout de la prépondérance en son sein d'éléments
européens dont l'ébranlement des convictions nationales algériennes artificielles a
fait éclater les contradictions face à la résistance armée.
Cette absence d'homogénéité et la
politique incohérente qui en résulte ont pour origine fondamentale la confusion et la
croyance en l'impossibilité de la libération nationale de l'Algérie avant le triomphe
de la révolution prolétarienne en France.
Cette idéologie qui tourne le dos à
la réalité est une réminiscence des conceptions de la S.F.I.O., favorable à la
politique d'assimilation passive et opportuniste.
Niant le caractère révolutionnaire de
la paysannerie et des fellahs algériens en particulier, elle prétend défendre la classe
ouvrière algérienne contre le danger problématique de tomber sous la domination directe
de la bourgeoisie arabe , comme si l'indépendance nationale de l'Algérie
devait suivre forcément le chemin des révolutions manquées, voire même de faire marche
arrière vers un quelconque féodalisme.
La C.G.T., subissant l'influence
communiste, se trouve dans une situation analogue et tourne à vide sans pouvoir énoncer
et appliquer le moindre mot d'ordre d'action.
La passivité générale du mouvement
ouvrier organisé, aggravée dans une certaine mesure par l'attitude néfaste des
syndicats F.O. et C.F.T.C., n'est pas la conséquence du manque de combativité des
travailleurs des villes, mais de l'apathie des cadres syndicaux de l'U.G.S.A. attendant,
les bras croisés, les directives de Paris.
Les dockers d' Alger en ont donné la
preuve en participant à la grève politique anniversaire du 18 novembre 1956.
Nombreux furent les travailleurs qui
ont compris que cette journée d'action patriotique aurait revêtu un caractère
d'unanimité nationale, plus démonstrative, plus dynamique, plus féconde, si les
organisations ouvrières avaient été entraînées intelligemment dans la lutte
générale par une véritable centrale syndicale nationale. Cette appréciation juste se
trouve entièrement confirmée dans le succès complet de la grève générale patriotique
du 5 juillet 1956.
Voilà pourquoi les travailleurs
algériens ont salué la naissance de l'U.G.T.A., dont le développement continu est
irresistible, comme l'expression de leur désir impatient de prendre une part plus active
à la destruction du colonialisme, responsable du régime de misère, de chomage,
d'émigration et d'indignité humaine.
Cette extension du sentiment national,
en même temps que son passage à un niveau qualificatif plus élevé, n'a pas manqué de
réduire, comme une peau de chagrin, la base de masse du P.C.A., déjà rétrécie par la
perte des éléments européens hésitants et instables.
On assiste cependant à certaines
initiatives émanant à titre individuel de certains communistes s'efforçant de
s'infiltrer dans les rangs du F.L.N. et de l'A.L.N. II est possible qu'il s'agisse là de
sursauts individuels pour retourner à une saine conception de la libération nationale.
II est certain que le P.C.A. essaiera
dans l'avenir d'exploiter ces « placements dans le but de cacher son isolement
total et son absence dans le combat historique de la Révolution algérienne.
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