Plate-forme de la Soummam
a) La leçon des expériences
tunisiennes et marocaines.
Cette
politique sans perspectives réalistes s'est traduite notamment par la succession rapide
de défaites morales dans tous les secteurs: mécontentement en France, grèves
ouvrières, révoltes de commerçants, agitation chez les paysans, déficit budgétaire,
inflation, sous-production, marasme économique, question algérienne à I'O.N.U., abandon
de la Sarre à l'Allemagne.
La
poussée révolutionnaire nord-africaine, malgré l'absence d'une stratégie politique
commune en raison de la faiblesse organique de ce qu'a été le Comité de Libération du
Maghreb, a acculé le colonialisme français à improviser une tactique défensive
hâtive, boulversant tous les plans de la répression esclavagiste traditionnelle.
Les
conventions franco-tunisiennes qui devaient jouer le rôle de barrage néo-colonialiste
ont été depassées sous la pression conjuguée du mécontentement popuIaire et des coups
portés à I'impérialisme dans les trois pays frères.
Le
rythme de l'évolution de la crise marocaine, l'entrée en lutte armée des montagnards
venant renforcer la résistance citadine, et surtout la pression de la Révolution
algérienne ont été parmi les facteurs les plus déterminants du revirement de
l'attitude officielle française et de l'indépendance marocaine.
Le
brusque changement de méthode du gouvemement colonialiste abandonnant l'immobilisme pour
s'engager dans la recherche d'une solution rapide était dicté d'abord par des raisons de
caractere stratégique.
II
s'agissait:
1)
D'empêcher la constitution d'un véritable second front, en mettant fin à l'unification
de la lutte armée au Riff et en Algérie.
2)
D'achever de briser l'unité de combat des trois pays d'Afrique du Nord.
3)
D'isoler la Révolution algérienne dont le caractère populaire la rendait nettement plus
dangereuse.
Tous
les calculs ont été voués à l'échec. Les négociations menée séparement avaient
pour but de tenter de duper ou de corrompre certains dirigeants des pays frères en les
poussant à abandoner consciemment ou inconsciemment le terrain réel de la lutte
révolutionnaire jusqu'au bout.
La
situation politique nord-africaine est caracterisée par le fait que le problème
algérien se trouve encastré dans les problèmes marocain et tunisien pour n'en faire
qu'un seul.
En effet, sans l'indépendance de l'Algérie, celle du Maroc et de la Tunisie est
un leurre.
Les Tunisiens et les Marocains n'ont pas oublié que la conquête de leurs pays
respectifs par la France a suivi la conquête de lAlgérie..
Les
peuples du Maghreb sont aujourd'hui convaincus par l'expérience que la lutte en ordre
dispersé contre l'ennemi commun n'a pas d'autre issue que la défaite pour tous, chacun
pouvant être écrasé séparement.
C'est
une abérration de l'esprit que de croire que le Maroc et la Tunisie puissent jouir d'une
indépendance réelle alors que l'Algérie restera sous le joug colonial.
Les
gouvernants colonialistes, experts en hypocrisie diplomatique, reprenant d'une main ce
qu'ils cèdent de l'autre, ne manqueront pas de songer à la reconquête de ces pays dès
que la conjoncture internationale leur semblera favorable.
D'ailleurs,
il est important de souligner que les leaders marocains et tunisiens formulent dans des
déclarations récentes et renouvelées des points de vue rejoignant l'appréciation du
F.L.N.
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