du dimanche 12 septembre 2004

  “J’ai été fellagha, officier français et déserteur”

   Cet ouvrage (de Nadji Madoui) qui deviendra Rémy Madoui, ne plaira pas à ceux qui ont refusé d’analyser les mobiles premiers du FLN et de les admettre comme justifiables. Il ne plaira pas à ceux qui se gargarisent de la torture exercée par des éléments de l’armée française par média interposées. Il ne plaira pas non plus aux extrémistes de tous bords mais il consolidera le jugement des démocrates toutes opinions confondues. Un livre à lire, plein d’intelligence, de lucidité, d’objectivité, d’humanité.

   Alors que le FLN à sa naissance misait sur les valeurs communes à tous les hommes de bonne volonté “Dans le respect de toutes les libertés fondamentales sans distinction de races et de confession, par goût du pouvoir une culture de la mort (a) infesté le FLN. Tout Algérien, homme, femme, enfant, qui n’était pas avec le FLN méritait la torture et la mort. En 1963, la constitution algérienne donne plus de 1 500 000 Algériens tués par la France, sans risque d’exagérer on peut avancer que plus de la moitié ont du leur mort au FLN”.

   Et Rémy Madoui, considéré comme trop “démocrate” sera la proie à son tour de “cette machine à torturer jusqu’à la seconde phase, l’égorgement” (des pages effroyables) qui va le pousser à rejoindre l’armée française dont il ne cache pas les méthodes parfois peu militairement correctes mais “je reprenais ma place dans un pays que je n’ai jamais cesser d’aimer bien que je me sois révolté contre l’un de ses systèmes, mis en place par à peine une dizaine (de colons) excessivement riches, et 300 riches sur plus d’un million de pieds noirs. Il est injuste, honteux et révoltant qu’aujourd’hui encore on puisse voir dans le pied noir un faciste et un colon exploiteur d’Algériens”.

   Enfin le sentiment d’avoir été trahi par la France, laissant la place aux extrémistes du FLN va pousser Rémy Madoui à rejoindre “des officiers qui, eux aussi voulaient une Algérie nouvelle comme nous (fondateurs du FLN) avant que là aussi les extrémistes s’emparent de l’OAS”. Rémy Madoui fera un séjour à la Santé.

   Son livre est dédié au général Jacques Drion “à l’homme, au chrétien qui n’avait pas oublié que tous les êtres humains étaient frères en Dieu, à l’admirable parent qu’il était devenu (pour moi). Il n’y eut pas assez de Drion en Algérie ”, pas plus qu’il n’y eut assez de Madoui (NDLR).

   “La guerre finie des dizaines de milliers de harkis ont été humiliés, torturés, mutilés, avant d’être achevés. Aujourd’hui je me demande si le peuple a réellement choisi de faire la guerre malgré l’aberration qu’était le système colonial. La réponse est manifeste quand on connait le résultat depuis 1962”, conclut Rémy Madoui.

   R.I.A.

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